Édition du mardi 13 décembre 2005
Banlieues: Jacques Chirac se fait pédagogue et critique Sarkozy
Critiqué pour son relatif effacement dans la crise des banlieues, Jacques Chirac veut faire de la «politique de proximité». Il répond mardi dans "Le Parisien/Aujourd'hui en France" à «50 questions» de lecteurs du quotidien, un exercice inédit qui lui permet de faire oeuvre de pédagogie, tout en taclant au passage Nicolas Sarkozy.
Le président de la République désavoue en effet son ministre de l'Intérieur, qui avait qualifié de «racailles» certains jeunes des banlieues lors de son déplacement du 26 octobre à Argenteuil (Val d'Oise). «Quand une personne commet un délit ou un crime, c'est un délinquant ou c'est un criminel. C'est la loi qui le dit. Ce sont ces termes qu'il faut employer. C'est cela la République», lâche-t-il.
«En politique, le choix des mots est évidemment essentiel», insiste-t-il. «En France, tous les citoyens sont les filles et les fils de la République. Il n'y a pas de catégorie de Français. Il n'y a que des citoyens libres et égaux en droit.»
De même, Jacques Chirac se prononce contre le droit de vote des immigrés aux élections locales, défendu par M. Sarkozy. «En France, la nationalité et le suffrage sont liés», rappelle-t-il.
Critiqué pour sa discrétion lors des violences qui avaient secoué à partir du 27 octobre et pendant plus de 20 nuits les banlieues de la région parisienne et du reste de la France, Jacques Chirac répond scrupuleusement aux 50 questions qu'avaient posées des lecteurs mardi dernier dans un numéro spécial du quotidien. Ces 50 lecteurs ont par ailleurs été reçus dimanche à l'Elysée, pour une photographie de groupe avec le président.
Dans ces réponses, Jacques Chirac évoque pêle-mêle l'immigration, le regroupement familial et la polygamie, la responsabilité parentale, la lutte contre les discriminations, la formation des policiers ou le problème de l'emploi des jeunes des banlieues notamment.
S'il n'y fait guère d'annonces nouvelles, le chef de l'Etat se veut visiblement pédagogue, expliquant sa vision du problème des banlieues et défendant les actions déjà engagées par le gouvernement de Dominique de Villepin. Et il n'hésite pas le cas échéant à aller dans le détail, en évoquant par exemple la situation de l'hôpital de Lagny-sur-Marne.
Sur la question de l'immigration, M. Chirac assure en particulier avoir «demandé au gouvernement de renforcer ses exigences en matière de regroupement familial, dont les procédures sont trop souvent détournées», selon lui. De même, «il n'est pas question de transiger avec l'interdiction» de la polygamie en France. Et pour les clandestins, «les reconduites à la frontière doivent être beaucoup plus systématiques».
Il se déclare par ailleurs favorable à une suspension provisoire des allocations familiales ou à des amendes pour les parents qui n'assumeraient pas leurs responsabilités. «Lorsqu'il y a défaillance des parents, ils doivent être rappelés à l'ordre».
A côté de ce volet fermeté, Jacques Chirac réaffirme que «les discriminations sont un poison». Favorable au CV anonyme, il se félicite ainsi de la légalisation du «testing» et souhaite que la justice punisse «sévèrement» les entreprises qui feraient de la discrimination à l'embauche. Il souhaite également que «le recrutement des grandes écoles s'ouvre plus largement aux étudiants issus des quartiers», sur le modèle de ce que font déjà l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po) et l'ESSEC. «Cette logique, il faut la généraliser à tout le territoire. J'aurai l'occasion de le préciser dans les prochaines semaines», dit-il.
Pour aider les jeunes entrepreneurs des cités à emprunter auprès des banques, Jacques Chirac annonce qu'il réunira «prochainement les banques, les associations et tous les partenaires intéressés pour donner un coup d'accélérateur au micro-crédit».
En plein débat sur l'article de loi qui demande à l'école de mentionner «le rôle positif» de la colonisation, M. Chirac se dit aussi «favorable» à l'instauration d'un jour de souvenir pour les descendants d'esclaves. «Il y a
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